Avant de commencer cet article, si vous avez 3 minutes pour répondre à ce questionnaire, il m’aidera grandement à m’améliorer. Merci d’avance, et bonne lecture !
Si vous suivez un petit peu l’actualité financière, vous avez sûrement entendu parler d’atterrissage doux ou dur (soft landing, hard landing). Les banquiers centraux et le consensus tendent de plus en plus vers un atterrissage en douceur de l’économie.
L’espoir étant que, malgré le fait que la FED relève ses taux au rythme le plus agressif depuis 1980, qu’elle réduise son bilan par le biais du Quantitative Tighetning et que nous ayons eu un taux d’inflation qui n’a pas été aussi élevé depuis les années soixante-dix, l’économie continue de progresser (et normalement à partir de là, vous avez mon avis sur le sujet).
Restons optimistes, et voyons ensemble les possibilités de la FED pour arriver à ses fins, dans ce nouvel article pour The Macronomist.
Selon Investopedia, un Soft-Landing est un ralentissement cyclique de la croissance économique évitant une récession. Il est l’objectif d’une banque centrale, cherchant à remonter les taux d’intêret juste assez pour empêcher l’économie de surchauffer et de connaître une forte inflation, tout en évitant une récession.
Toujours selon Investopedia, le Hard Landing désigne un ralentissement ou une récession économique marquée après une période de croissance rapide. Le terme "atterrissage brutal" vient de l'aviation, où il désigne le type d'atterrissage à grande vitesse qui, sans être un véritable crash, est un atterrissage difficile, source de stress et de potentielles blessures. La métaphore est utilisée pour les économies en plein essor qui se heurtent à un frein soudain et brutal à leur croissance, comme une intervention de politique monétaire destinée à juguler l'inflation. Les économies qui subissent un atterrissage brutal tombent souvent dans une période de stagnation, voire de récession.
Les bases sont posées, nous pouvons y aller !
Comme d’habitude, regardons ce qu’il s’est historiquement passé afin de trouver des éléments de comparaisons avec la période actuelle.
Cette fois-ci, retour en 1984. La Continental Illinois National Bank and Trust Company, déclare qu’elle est insolvable. Cette banque basée à Chicago était la septième plus grande des USA et la plus grande du Midwest, avec 40 milliards de dollars d’actifs.
C’est la faillite de cette banque qui a popularisé l’expression “To big to fail”, trop grosse pour faire faillite.
La banque a pris des mesures pour stabiliser son bilan en 1982 et 1983, mais des prêts irrécouvrables achetés à la Penn Square Bank d’Oklhaoma ayant fait faillite ont eu raison d’elle. En 1984, la banque a affiché que ses prêts non performants ont augmenté de 400 millions de dollars. Le 10 mai 1984, les rumeurs de l’insolvabilité de la banque ont provoqué une inquiétude chez ses clients, qui se sont empressés de retirer massivement leurs fonds.
La Continental Illinois National Bank and Trust fut sauvée par la FDIC (Federal Deposit Insurance Corporation) qui a injecté 4.5 milliards de dollars et le gouvernement fédéral est intervenu également avec 5.5 milliards de dollars de nouveaux capitaux et 8 milliards de dollars de prêts d’urgence. Elle a continué d’exister, en étant détenue à 80% par le gouvernement jusqu’en 1994 ou elle a été rachetée par la Bank of America.
L’histoire nous rappelle que les hausses de taux agissent de façon décalée. La résistance aux taux élevés peut durer longtemps en fonction de la force de l’économie et des marchés financiers. Actuellement, la politique restrictive de la FED n’a encore rien cassé (et je souhaite que cela continue ainsi), et nous n’avons pas réellement de signaux clairs quant à l’atterrissage, même si comme vous avez pu le voir avec l’introduction, j’ai mon avis sur le sujet, que j’exposerais à la fin de l’article.
En faveur d’un atterrissage en douleur, nous avons…
Le Financial Condition Index qui est revenu en septembre 2022 vers des niveaux connus durant la bulle dot com. Pour rappel, le financial condition index est un indice mesurant la condition des marchés financiers à travers trois grands thèmes :
Le levier
Le crédit
Le risque
Ensuite, l’inflation reste bien loin de l’objectif des 2% annuel. De plus, chaque fois que l’inflation est passée au-dessus des 5%, une récession s’est profilée.
De plus l’inflation ne pourrait pas être tout à fait vaincue (mais nous y reviendrons en un article dédié, probablement la semaine prochaine). Tout ce que j’observe pour le moment, c’est que les matières premières surperforment les indices, ce qui n’est pas franchement une bonne nouvelle.
SPX : +14.13% depuis son plus bas
NASDAQ : +13.37% depuis son plus bas
Le cuivre lui a réalisé une performance de +23.80% depuis le plus bas des indices
Le fer quant à lui réalise une performance exceptionnelle de +36% depuis le plus bas sur les indices.
Si la FED baisse ses taux et que les matières premières continuent de surperformer les actions, l’inflation pourrait finir par se répercuter sur les prix payés par les consommateurs.
Pour terminer, les modèles macro nous montrent que les taux élevés agissent sur l’économie avec un décalage relativement long, en moyenne 5 trimestres ce qui fait que nous pourrions ressentir réellement les effets de la politique monétaire qu’en mai 2023, en prenant en compte que nous avons commencé les hausses de taux en février 2022.
En faveur d’un atterrissage en douceur, nous avons…
Un retour en force du revenu réel à disposition est attendu, augmentant le pouvoir d’achat des citoyens.
Selon la plupart des modèles, l’inflation devrait baisser (élément que j’ai tendance à questionner, mais nous y reviendrons dans un prochain article).
L’écart entre les nouveaux travaux disponibles et les travailleurs s’est réduit en raison d’une baisse des offres d’emploi, mais qui n’a pas apporté davantage de chômage.
Cette liste d’argument est non exhaustive, et vous en trouverez bien d’autres. Mais voici ceux qui me paraissent pertinents pour le moment.
Nous avons sur le graphique ci-dessus :
En rouge : les taux effectifs de la FED.
En noir : la variation du prix du pétrole.
En Bleu : Les dépenses de consommation personnelles (qu’on pourrait traduire en inflation).
En jaune or : le taux de chômage.
Un des meilleurs indicateurs prématurés de récession a historiquement été la variation du prix du pétrole. Quand il a subi une augmentation de 50 à 100% (comme c’était le cas en 2022) alors nous avons eu une récession dans les mois suivant.
Les taux effectifs de la FED nous montrent que le pivot de la politique monétaire intervient un peu avant ou pendant la récession, mais nous en avons déjà parlé dans cet article.
Le chômage est un indicateur retardé qui n’avertit pas des récessions et qui atteint son maximum à la fin des récessions. Par exemple, en 2008, il n’était que de 4.7% au début de la récession et à plus de 10% à la fin.
Faisons une allégorie.
Quand vous sautez dans l’eau, deux choses déterminent la douceur de l’atterrissage :
Comment vous entrez dans l’eau, un plongeon sera bien plus doux qu’un grand plat sur le ventre. Cette métrique est déterminée par l’équilibre du plongeur
La vitesse à laquelle vous entrez. Si vous sautez dans la mer en partant d’une falaise de six mètres ou si vous sautez du bord de la piscine, c’est la hauteur qui déterminera la vitesse à laquelle vous entrez dans l’eau.
Transposons ceci à l’économie.
Nous pouvons considérer que nous sautons de haut. Le Quantitative Easing et la décennie de taux zéro, les mesures de relance à la suite de la crise du COVID, la guerre en Ukraine et les tensions avec la Chine sont des facteurs qui augmentent la hauteur du saut.
Les facteurs pouvant déséquilibrer notre plongeur sont : une récession, une crise de crédit ou une crise du logement par exemple. La période étant au resserrement monétaire, ces déséquilibres ont des chances relativement importantes de se réaliser.
Ainsi, nous partons d’une hauteur importante avec des possibilités d’être déséquilibrés plausibles.
La FED va devoir faire preuve d’une grande habileté pour jauger parfaitement cette trajectoire.
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