Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle édition du Macroscope.
Au programme :
👉🏼 Chute de la croissance américaine
👉🏼 La crise de l’immobilier condamne la classe moyenne à rester locataire
👉🏼 Retour à la parité pour l’euro dollar ?
👉🏼 Les marchés traditionnels, bientôt 24/24, 7/7 ?
👉🏼 Nouveau record pour les dépenses militaires mondiales
Puis nous conclurons avec le traditionnel Macroscope pour les abonnés premium.
La croissance du PIB Américain a chuté à 1,6%, contre les 2,5% attendus.
Une large partie de l’augmentation est due aux dépenses des consommateurs et ce qui pèse sur le PIB, c'est surtout les importations et l'investissement dans l'inventaire, aka les stocks.
Étant donné que le PIB est tiré par les dépenses des consommateurs, il faudra particulièrement porter de l'attention au taux de chômage.
Si l'économie vit en grande partie grâce au pouvoir d'achat de ses consommateurs, une envolée du chômage rognerait complètement leur pouvoir d'achat et saperait la confiance dans l'économie, n'incitant pas à dépenser.
Je note aussi un très faible apport des exportations dans le PIB, et ça s'empirera probablement au prochain trimestre ; le dollar est fort comme il l'a rarement été, et cette situation n'encourage vraiment pas les exportations.
Nous nous dirigeons visiblement vers un environnement stagflationniste, avec une augmentation de l'inflation et une croissance faible, où négative (ce qui projetterait l'économie en récession), bien que nous en sommes encore loin.
C'est probablement le pire scénario possible pour les banquiers centraux : d'un sens l'économie ralentie, appelant les taux à redescendre, d'un autre, l'inflation reste collante, n'incitant pas à une baisse des taux. La priorité des banquiers centraux restera probablement l'inflation, mais les banquiers centraux ont toujours une priorité jusqu'à ce que les marchés s'effondrent.
Vous connaissez le dicton :
Les marchés arrêtent de paniquer lorsque les banquiers centraux commencent à paniquer
Le scénario d'atterrissage en douceur est plus que jamais mis en péril, il faut dire qu'une période de hausse des taux sans douleurs, ce n'était jamais arrivé. Malgré ces taux élevés, la croissance était toujours restée résiliente... Jusqu'à aujourd'hui. Une croissance aussi faible n'était pas arrivée depuis juin 2022.
Tous ces éléments sont d'autant plus importants que l'élection américaine approche, et qu'une économie faible ne joue pas en faveur de Joe Biden. Nous allons bientôt découvrir à quel point la FED est indépendante du gouvernement américain, j'imagine.
Selon une étude récente menée par CreditNews Research, l'accession à la propriété est devenue impossible pour la classe moyenne dans près de la moitié des 100 plus grandes métropoles américaines.
En 2024, seules 52 de ces métropoles permettent à un ménage moyen d'acheter une maison moyenne, contre 91 il y a seulement 5 ans.
Pour les ménages de classe moyenne inférieure, ce chiffre tombe à seulement 7 métropoles Cette situation s'est considérablement détériorée depuis la pandémie de COVID-19, 39 métropoles étant désormais irréalistes en termes de coût. Les principaux facteurs sont :
👉🏼 La hausse des taux d'intérêt hypothécaires
👉🏼 L'augmentation des prix de l'immobilier
👉🏼 Le manque d'offre sur le marché.
Être considéré comme faisant partie de la classe moyenne ne garantit plus l'accès à la propriété comme par le passé. Les acheteurs de classe moyenne ne peuvent se permettre qu'environ un quart des biens mis en vente, et l'accès à la propriété est devenu un privilège réservé aux classes supérieures dans une bonne partie des villes américaines.
Sans avoir pour autant d'études sous la main, on peut aisément penser que c'est un cas assez similaire pour la France, voire même... Peut-être pire à vrai dire !
Les intervenants parient de plus en plus sur une chute de l'euro face au dollar américain, faisant passer la probabilité implicite d'une parité entre les deux monnaies à plus de 10% dans les six prochains mois. Cette probabilité était quasiment nulle début janvier.
L'euro a déjà perdu 3,5% face au dollar depuis le début de l'année.
Ces paris haussiers sur le dollar s'expliquent par la vigueur de l'économie et de l'inflation américaines, qui laissent penser que la Réserve fédérale réduira ses taux d'intérêt plus lentement que la BCE. Les investisseurs anticipent désormais moins de deux hausses de taux aux États-Unis cette année, contre plus de six à la fin 2023.
À l'inverse, l'inflation ralentit dans la zone euro et sa croissance reste faible. La BCE devrait commencer à relever ses taux en juin. Des craintes géopolitiques pèsent également sur l'euro, l'Europe étant plus dépendante aux importations énergétiques. L'euro avait déjà atteint la parité en 2022 dans un tel contexte.
Concrètement, les différentiels de politique monétaire et de conjoncture économique entre les États-Unis et la zone euro font miser les investisseurs sur une nouvelle baisse de l'euro face au dollar.
Actuellement, la bourse n'est ouverte que pendant des heures de marché prédéfinies. Mais, avec la croissance du marché des cryptomonnaies ouvert 24/24 et de l'intêret des retails, l'idée d'un marché ouvert en permanence gagne en popularité.
Le New York Stocks Exchange (NYSE) a mené un sondage auprès des participants au marché pour connaître leurs opinions sur un marché ouvert 24h/24, 7j/7. Le sondage examine également des questions telles que la protection des investisseurs, notamment vis-à-vis des risques d'illiquidités et les moyens nécessaires à ce que les marchés restent ouverts en permanence.
D'un autre côté, la start-up 24 Exchange, soutenu par le fonds spéculatif Point72 de Steve Cohen, cherche à obtenir l'approbation de la SEC américaine pour lancer la première bourse ouverte 24h/24. Bien que la demande soulève des questions opérationnelles et techniques, certains pensent qu'il faut laisser le marché décider si un tel modèle est viable, et que ce n'est pas à la SEC de le décider.
Les dépenses militaires mondiales ont atteint un nouveau record à 2 440 milliards de dollars en 2023, la plus forte augmentation annuelle des dépenses en armement depuis 2009, nous rapporte le Stockholm International Peace Research Institute.
Sans surprise, la plus grande augmentation se trouve... En Amérique du Nord, évidemment !
"L’augmentation sans précédent des dépenses militaires est une réponse directe à la détérioration mondiale de la paix et de la sécurité".
"Les États donnent la priorité à la force militaire, mais ils risquent de se retrouver dans une spirale action-réaction dans un paysage géopolitique et sécuritaire de plus en plus instable."
Nan Tian, chercheuse au SIPRI.
Nous pouvons voir ci-dessous la part de la dépense militaire mondiale des 15 pays ayant les dépenses les plus élevées en 2023. ⤵️
Étant donné que le SP500 tient grâce à une poignée d’entreprise technologique, il me semble pertinent d’en parler en cette saison des résultats.
Tesla ; Mauvais résultat, bonne réaction
Malgré un début d'année très difficile pour le constructeur américain, avec une baisse de 9% de son chiffre d’affaires et une baisse de 55% de son bénéfice net, Tesla semble retrouver le cœur des investisseurs.
Cette performance s'explique partiellement par le fait qu'Elon Musk a parlé de construire des véhicules électriques Tesla plus abordable d'ici 2025, hier durant la Conf Call.
En ce qui concerne la feuille de route des nouveaux produits, on a beaucoup parlé de notre future gamme de véhicules au cours des prochaines -- au cours des dernières semaines. Nous avons mis à jour notre future gamme de véhicules afin d'accélérer le lancement de nouveaux modèles avant le début de la production, mentionné précédemment, au second semestre 2025. Nous nous attendons donc à ce que ce soit plutôt au début de 2025, voire à la fin de cette année. Ces nouveaux véhicules, y compris des modèles plus abordables, utiliseront des aspects de la plateforme de prochaine génération ainsi que des aspects de nos plateformes actuelles, et nous serons en mesure de produire sur les mêmes lignes de fabrication que notre gamme actuelle de véhicules."
Elon Musk
L'entreprise vit une période complexe si on ajoute à ça la baisse générale de la demande de véhicule électrique et le fiasco qu'est le Cybertruck (environ 4 000 véhicules rappelés).
META ; Bon résultat, mauvaise réaction
Lors de l'appel post-résultats, le PDG de META 0.00%↑ Mark Zuckerberg a déclaré que son engagement à ce que Meta construise les meilleurs modèles d'IA l'amène à croire que "nous devrions investir beaucoup plus dans les années à venir".
"Cela vaut la peine de souligner que nous avons historiquement constaté une grande volatilité de nos actions au cours de cette phase de notre stratégie produit, où nous investissons dans le développement d'un nouveau produit mais ne le monétisons pas encore. Mais construire l'IA de pointe sera également une entreprise plus vaste que les autres expériences que nous avons ajoutées à nos applications et cela prendra probablement plusieurs années."
Mark Zuckerberg
Les intervenants n'ont pas trop apprécié la nouvelle, et ce malgré des résultats au-dessus du consensus :
👉🏼 Revenus de 36,46 milliards de dollars, dépassant l'estimation de 36,12 milliards de dollars
👉🏼 BPA du premier trimestre de 4,71 $, dépassant l'estimation de 4,30 $
Ce sont plutôt les prévisions qui ont inquiété le marché : Meta prévoit un chiffre d'affaires au deuxième trimestre compris entre 36,5 milliards de dollars et 39 milliards de dollars, avec un milieu de gamme inférieur à l'estimation de 38,24 milliards de dollars.
Pourtant, même si les prévisions de revenus ont été décevantes, l'entreprise s'attend à dépenser encore plus pour y parvenir, et ses prévisions d'investissement ont considérablement augmenté.
Les dépenses d'investissement pour l'ensemble de l'année devraient être de 35 à 40 milliards de dollars, contre une fourchette précédente de 30 à 37 milliards de dollars.
Je vous laisse ci-dessous quelques slides tirés de la présentation de l’entreprise :
🔗 Lien de la présentation complète
Google : l’entreprise rassure
👉🏼 Bénéfice par action de 1,89$, contre 1,53$ attendu. En hausse de 50% par rapport aux 1,17$ il y a un an.
👉🏼 Chiffre d’affaires de 80,54 milliards de dollars, contre 79,04 milliards attendus. En hausse de 15% sur un an.
🤯 Anecdote : Youtube a été racheté par Google en 2006 pour 1,65 milliard ; c'est ce que Youtube génère en 18 jours en 2024.
Du côté de Google, ce que les investisseurs voulaient savoir, c'était les progrès de l'entreprise en matière d'IA, et l'entreprise s'est montrée rassurante :
"Comme annoncé le 18 avril 2024, nous consolidons les équipes qui se concentrent sur la création de modèles d'intelligence artificielle (IA) au sein de Google Research et de Google DeepMind afin d'accélérer encore nos progrès en matière d'IA. Les équipes de développement de modèles d'IA qui relevaient auparavant de Google Research dans notre segment Services Google seront incluses dans le cadre de Google DeepMind, rapporté dans les activités au niveau Alphabet, à compter du deuxième trimestre 2024."
L'annonce des dividendes de 20 centimes par action devait être le clou du spectacle, mais en plus de cela Google annonce également un programme de rachat d'action pour 70 milliards de dollars. Une belle publication pour l'entreprise, en somme.
🔗 Lien de la présentation complète
Microsoft : Au-dessus des attentes
👉🏼Bénéfice par action : 2,94$ contre 2,82$ attendus
👉🏼 Chiffre d'affaires : 61,86 milliards contre 60,84 attendus
"Ce trimestre, le chiffre d'affaires de Microsoft Cloud s'est élevé à 35,1 milliards de dollars, en hausse de 23 % d'une année sur l'autre, grâce à la solide exécution de nos équipes commerciales et de nos partenaires".
Amy Hood, CFO de Microsoft
L'augmentation des revenus d'Azure n'y est pas pour rien, responsable de la hausse des revenus de la branche cloud à hauteur de 21%.
“Microsoft Copilot et Copilot Stack orchestrent une nouvelle ère de transformation de l'IA, générant de meilleurs résultats commerciaux dans tous les rôles et tous les secteurs”.
Satya Nadella, CEO
🔗 Lien de la présentation complète
Point géographique
Le NASDAQ et le SPX ont plutôt bien tenu par la semaine (tirés par une majorité de bons résultats technologiques que nous avons vue au-dessus).
La vieille économie, Dow Jones, DAX et CAC sont restés très neutres, on notera tout de même une légère surperformance de l’Allemagne.
Le Japon s’est fait encore une fois découpé, bien qu’il soit toujours l’indice le plus performant de l’année. La faiblesse du yen inquiète, les taux vont devoir grimper, et c’est une grande première pour l’économie nippone.
Je me posais la question de savoir si la vieille économie (Dow et Europe) n’était pas sous évalué actuellement.
Je veux dire, nous avons un climat de stagflation qui se profile aux US. Le NASDAQ a surperformé. Beaucoup d’intervenants parlent également des pays émergents, mais l’Europe se fait quasi systématiquement descendre. Je me demande s’il n’y a pas un coup à jouer de ce côté, mais je n’ai encore rien actionné.
J’ai joint ci-dessous le graphique de la performance du DAX contre le SP500. On peut voir qu’il y a eu une fenêtre lors de la fin de la bulle internet ou le DAX a atomisé la performance du SP500.
Concrètement, si vous pensez que l’IA est une bulle, et/ou que les USA vont entrer dans une stagflation qui va faire ralentir ce secteur, la vieille économie Européenne ou même le Dow peut être une opportunité.
De plus, l’Europe devrait réduire ses taux avant les US, soulageant l’économie. C’est un élément supplémentaire, mais qui est évidemment pricé par les marchés.
C’est quelque chose que je surveille attentivement, je pense m’exposer à l’Europe sous peu.
Point sectoriel
L’énergie (XLE) réalise une excellente semaine, et reste leadeuse incontestée sur l’année 2024. Les services publics (XLU) réalisent quant à eux la meilleure performance de la semaine :).
L’immobilier (XLRE) est toujours dans une position très délicate, qui ne s’améliore pas vraiment avec le fait que les taux risquent de rester élevés pendant un moment.
Concernant le flux :
L’énergie et l’industrie restent vraiment plébiscitées, ce que je trouve intéressant. J’ai plus de mal à aborder les financières bien qu’elles récoltent des flux records en ce moment, c’est des business qui me semblent beaucoup plus compliqués.
La santé et la consommation de base sont vraiment évitées. Les marges déjà bien faibles de la grande distribution risquent d’être davantage rogné par l’inflation, si elle poursuit son rebond.
Les services publics sont également évités, mais s’ils les etf du secteur sont évités et que le prix continu de grimper, c’est qu’il y a des contreparties qui achètent plus franchement. C’est assez rassurant.
Voilà pour ce Macroscope, un peu différent de ce qu’on fait habituellement. Dites-moi si vous avez autant apprécié ce format, ça m’intéresse !
On se retrouve lundi prochain pour un nouvel article.
En vous souhaitant un excellent week-end !