Les obligations et leur importance dans l'économie mondiale
Pourquoi vous devriez y porter plus d'attention ?
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Actif financier souvent mal compris, les obligations sont pourtant au cœur de la finance et de l’économie mondiale. Vous détenez indirectement des obligations, même si vous n’investissez dans rien, simplement en ayant du cash sur votre compte en banque.
Aujourd’hui, nous allons voir ensemble qu’est-ce que sont les obligations, qui les émet, pourquoi, et surtout la place qu’elles occupent dans l’économie mondiale.
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Une obligation est en quelque sorte une reconnaissance de dette entre le prêteur et l’emprunteur. Elles sont utilisées majoritairement par les entreprises et les états, mais elles peuvent être également utilisées par des municipalités.
Elles sont utilisées pour emprunter de l’argent via les marchés financiers. Le gouvernement peut s’en servir pour financer des infrastructures publiques, et les entreprises peuvent s’en servir pour développer leur activité ; acheter de l’immobilier ou du matériel, faire de la recherche ou embaucher des collaborateurs.
Les entreprises qui utilisent des obligations s’en servent pour lever une grande quantité d’argent, un emprunt auquel la banque ne peut pas répondre directement.
Pour simplifier, j’aime expliquer que les obligations sont un “morceau de dette”.
Concrètement, comment ça marche ?
Il y a plusieurs éléments à prendre en compte quand vous vous exposez aux obligations :
L’émetteur : Plus l’émetteur est fiable, plus il a de chance de rembourser son obligation, et vous en tant que prêteur, de toucher votre argent. Par exemple, le gouvernement américain est l’émetteur le plus fiable. Si vous prêtez de l’argent à une petite entreprise, il y a davantage de chance qu’elle fasse défaut.
Le rendement de l’obligation : le rendement d’une obligation corrèle avec les risques qui y sont associés, une obligation émise par le gouvernement américain offrira un rendement moins intéressant qu’une obligation émise par le gouvernement brésilien, par exemple. Le risque n’est simplement pas le même.
Qualité du crédit : C’est ici qu’entrent en piste les agences de notation, comme Moody’s ou S&P. Ces entreprises ont pour rôle de noter la qualité de la dette, allant de AAA (meilleure qualité) à D (en défaut). Nous reviendrons plus en détail sur ce qu’implique la notation du crédit.
Échéance : la date d’échéance et la date à laquelle l’obligation arrivera à maturité, l’émetteur remboursera le montant nominal au prêteur.
Le montant nominal : Il s’agit du montant initial de l’obligation, c’est-à-dire le montant que l’investisseur prête à l’émetteur.
Les agences de notation sont des entreprises privées, dont le rôle est d’évaluer la solvabilité financière d’émetteurs de dettes. Concrètement, elles mesurent le risque qu’un émetteur fasse défaut, en établissant des scénarios et en menant des tests en fonction des coûts et revenus futurs de l’émetteur.
Elles sont payées par les émetteurs des produits soumis à notation, ce qui pose évidemment d’énormes soucis de conflits d’intérêts. En passant, elles ont dû payer des amendes colossales pour avoir noté du crédit “subprimes” en crédit de bonne qualité en amont de la fameuse crise des subprimes.
Ce sont des entreprises privées qui ont un pouvoir absolument colossal sur l’économie. Elles ont le pouvoir de noter la dette, ce qui fixera par la suite le coût d’emprunt ; plus un état à une note basse, plus emprunter de l’argent lui coûtera cher.
Les plus connues sont :
Moody’s
Fitch
S&P Global
Et elles se portent bien ! Le développement de la titrisation leur a apporté un marché extrêmement juteux :
Prenons un exemple récent ; la réforme des retraites menées par Emmanuel Macron en 2023. Le but ici n’est pas de discuter de ce choix politique, mais plutôt de réfléchir à ce que cela implique pour le coût de la dette.
Revenons en mars 2023, Emmanuel Macron fait recours au 49.3 pour faire passer la réforme des retraites et contourner le parlement.
“Je considère qu’en l’état, les risques financiers, économiques sont trop grands.”
Emmanuel Macron
Jézabel Couppey-Soubeyran, économiste, a indiqué :
“C’est un choix de société, c’est un choix politique. Le problème est qu’aujourd’hui des priorités s’effacent derrière des contraintes, derrière des pressions qui sont directement liées au mode de financement des États. Quand on se finance sur les marchés, on se soumet aux diktats des marchés".
"Cette réforme des retraites est un peu un signal envoyé aux marchés, un signal de rigueur budgétaire. C’est pour cela d’ailleurs que plutôt que de concilier différents leviers, le gouvernement français préfère tout miser sur un message clair : le recul de l’âge légal à 64 ans.”
Avec la montée des taux d’intérêt dans le but d’endiguer l’inflation, la charge de la dette a explosé. L’argent coûte beaucoup plus cher qu’il n’a coûté durant la période 2014-2022, après la crise de l’Euro et la crise du COVID.
C’est ce qu’Emmanuel Macron appellera “la fin de l’abondance”.
Le coût de la dette s’est envolé pour plusieurs raisons. Évidemment, il y a les taux directeurs, mais pas que ; vous n’êtes pas sans savoir que la France dépense beaucoup d’argent. Quand le coût d’endettement est faible, ce n’est pas réellement un problème : on emprunte et on avisera plus tard. Mais quand d’un coup, le coût de l’endettement explose, les problèmes arrivent.
En allégeant les dépenses de l’Etat Français, Emmanuel Macron cherche à envoyer un message aux marchés financiers : “vous voyez, nous essayons de réduire nos dépenses et de faire attention à notre budget”.
Pas de bol, 1 mois plus tard, Fitch abaisse la note de solvabilité de l’état français, passant d’AA à AA-. Mais cela ne change rien au fait qu’Emmanuel Macron cherche à rassurer les marchés pour emprunter moins cher.
Prenons un autre exemple de conséquence de la notation de la dette, peut-être plus parlant.
La note actuelle de la dette française est de AA-.
La note actuelle de la dette Allemande est de Aaa (la meilleure qualité possible).
C’est ce qui explique que pour l’Allemagne, emprunter de l’argent à 10 ans coûte 2.349%, tandis que pour la France, emprunter de l’argent à 10 ans coûte 2.848%.
C’est aussi une affaire de dépense d’état, de quantité d’argent emprunté, de stabilité du pays…
Par exemple, la Suisse qui est très stable, avec des dépenses publiques peu élevées et surtout, une dette nationale équivalente à 31.7% du PIB, peut emprunter de l’argent sur les marchés à 10 ans à 0.9%.
Les obligations vous rémunèrent dans certaines devises. Par exemple, si vous achetez des obligations américaines, vous serez rémunéré en dollar, si vous achetez des obligations japonaises, vous serez rémunéré en yen, si vous achetez des obligations allemandes, vous serez rémunéré en Euro…
Cela permet de mettre en place ce qu’on appelle un carry trade. C’est une stratégie souvent mise en place par les grandes institutions financières, car pour qu’elle soit intéressante il faut des fonds importants.
Explication :
Comme nous en avons parlé récemment, emprunter de l’argent au Japon coûte très peu cher, notamment à cause de leur politique monétaire très particulière (YCC). Disons que vous empruntiez du Yen, et que vous payez environ 1.5% sur cet emprunt.
D’un autre côté, les obligations américaines à 10 ans vous rémunèrent à 4.1% actuellement.
Le carry trade consiste à emprunter du yen, convertir vos yens fraîchement acquis en dollars, acheter des obligations américaines avec ces dollars et profiter des 4.1% de rendement.
C’est donc une méthode gagnante à tous les coups, qui rémunère plutôt bien ?
Pas vraiment ; le risque d’un carry trade se situe essentiellement dans les taux de change.
Dans notre exemple, si la valeur du Yen diminue par rapport au dollar américain, vous devrez rembourser votre emprunt avec une quantité de yen plus importante, ce qui augmente les coûts et rogne votre performance.
Comprendre cela permet aussi de comprendre le jeu des monnaies. Pourquoi le Yen s’est effondré ces dernières années ?
Parce que le Japon a maintenu des taux d’intérêt très bas, pendant que le reste du monde faisait grimper ses taux pour combattre l’inflation. Les institutions financières mettaient donc en place une stratégie de carry trade, ils vendaient massivement du Yen et achetaient massivement des obligations américaines en dollar. Le dollar gagne donc en force, et le yen faiblit.
🤔 Il est probable que vous ne mettiez jamais en place un carry trade, en tant que particulier. Mais, il me semble important que vous compreniez ces notions, pour mieux comprendre comment évolue l’économie, les monnaies, les marchés…
Tant que nous parlons de mécanismes liés aux obligations, discutons du Quantitative Tightening (QE) et du Quantitative Tightening (QT).
Ces deux mécanismes impliquent directement les obligations. Le mécanisme de Quantitative Easing a été mis en place après la crise des subprimes, afin d’éviter de faire tomber l’économie dans une profonde récession.
Concrètement, il s’agit d’une action de la banque centrale consistant à acheter des obligations gouvernementales. De cette façon, la banque centrale injecte de l’argent frais dans le système financier, et les taux d’emprunt baissent stimulant l’investissement et dynamisant l’économie.
Le Quantitative Tightening est exactement l’inverse, il s’agit d’une action de la banque centrale consistant à vendre des obligations. De cette façon, les taux montent, ce qui décourage l’investissement et ralenti l’économie.
Dans les deux cas, cela a un impact également sur la psychologie des intervenants. Quand la banque centrale annonce qu’elle va procéder à un Quantitative Easing, les intervenants s’attendent à ce que d’énormes achats d’obligations se mettent en place, et inversement avec le Quantitative Tightening.
Pendant une décennie, au fur et à mesure que l’état achetait toutes les obligations avec le mécanisme de Quantitative Easing expliqué ci-dessus, détenir des obligations n’avait plus aucun intérêt pour la simple et bonne raison qu’elles ne rémunéraient quasiment rien.
Surtout que, pendant que le Quantitative Easing faisait son effet durant la dernière décennie, de l’argent était injecté dans l’économie et les marchés actions ont explosés.
Puis en 2022, l’inflation a fait son grand retour, et la hausse des taux directeurs avec. Le rendement des obligations était redevenu intéressant, pendant que les indices ont vécu une année difficile.
Le portefeuille qui est recommandé par beaucoup est le fameux portefeuille 60/40 : 60% d’actions, qui amènent de la performance, et 40% d’obligation, qui amènent de la stabilité.
À vrai dire, oui il est intéressant de détenir des obligations, mais cela dépend de votre aversion au risque et de votre portefeuille. Pour un portefeuille de 10 000$, les obligations ne seront pas assez rémunératrices, pour un portefeuille d’1 million de dollar, cela devient intéressant.
L’avantage maintenant, c’est qu’avec l’accès aux ETF, on peut facilement entrer et sortir des obligations, je pense notamment aux ETF IEF 0.00%↑ et TLT 0.00%↑.
C’est à vous d’estimer si vous pensez qu’intégrer des obligations dans votre portefeuille. C’est généralement ce qui constitue un excellent fond de portefeuille, qui restera solide même si la volatilité sur les actions est élevée.
Et vous, vous avez des obligations ? C’est un actif qui vous intéresse ? N’hésitez pas à en discuter dans l’espace commentaire !
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