Bonjour tout le monde,
Nous nous retrouvons aujourd’hui pour un article un peu particulier.
Il y a peu, les équipes de la maison d’édition “L’artilleur” nous ont contacté afin de nous demander si nous serions intéressés par la réception de quelques ouvrages.
Plusieurs livres nous sont arrivés au cours de l’année et que les évoquerons soit au travers d’un article dédié (comme aujourd’hui) soit en y faisant référence lorsque cela nous parait pertinent au travers d’un article plus global.
Que les choses soient dites, les équipes de L’Artilleur n’ont rien demandé en retour. Dans ces conditions, je suis relativement à l’aise pour évoquer ma première lecture qui, j’en suis convaincu, peut vous intéresser aussi.
Il s’agit de “La France au bord de l’abîme” de André-Victor Robert, un économiste qui dresse le portrait de la France et de sa situation dramatique en se servant de toutes les études et chiffres officiels qui sont disponibles librement sur Internet.
L’objectif de cet article n’est pas de réécrire le bouquin ou même de le résumer entièrement, mais de mentionner certaines données et de vous faire part de la thèse de l’auteur que vous retrouverez en intégralité ici.
Le livre m’a de suite accroché puisqu’il part d’un postulat intéressant :
L’auteur part du principe que la baisse drastique de niveaux de nos élèves et étudiants entraîne une baisse généralisée de la productivité qui va s’étaler dans le temps. Car même si nos politiques prenaient la mesure du désastre qu’est l’instruction française aujourd’hui, cette baisse de niveau se poursuivra au moins pendant les 10 à 20 prochaines années, le temps pour les nouveaux élèves (mieux formés) de compléter leur formation et d’arriver sur le marché du travail.
Ainsi, le fameux classement PISA montre bien que la France régresse depuis de nombreuses années et que le niveau de ses élèves, bien que proche de la moyenne, ne tient plus la concurrence vis à vis des autres pays qui partagent le même niveau de développement.
Comme l’indique l’auteur, la baisse de niveau est d’autant plus marquée que les élèves français pâtissent de la multiplication des matières (ce qui génère une baisse importante du niveau en français et en mathématiques). Je n’arrive toujours pas à comprendre comment il est possible de ne pas faire de mathématiques en Terminal.
Outre la mise en place de certaines méthodes d’apprentissage plus que contestable (la méthode globale pour apprendre la lecture par exemple), la rémunération des enseignants n’est pas non plus étrangère à la non-attractivité du métier.
Ainsi, comme l’indique M. Robert :
Il y a trente ans, un professeur des écoles débutant était rémunéré 1,8 fois le SMIC et un professeur agrégé 2,3 fois le SMIC, aujourd’hui c’est 1,5 fois et 1,8 fois rétrospectivement.
Autrement dit, en termes de positionnement dans l’échelle des revenus, le professeur agrégé débutant d’aujourd’hui n’est pas considéré davantage que l’instituteur débutant d’il y a trente ans.
Je ne sais pas si vous vous rendez bien compte de la “dinguerie” que ce postulat représente.
Evidemment, avec des salaires aussi bas, il n’est pas étonnant que le niveau des nouveaux professeurs soit de plus en plus faible car il est tout simplement impossible d’attirer les meilleurs candidats avec cette grille de rémunération.
Or, il est nécessaire que les professeurs soient mieux recrutés, mieux payés et qu’ils puissent délivrer une instruction de meilleure qualité à leurs élèves qui, mieux formés, pourront faire bénéficier l’économie nationale d’une meilleure productivité, CQFD.
Certains autres pays européens ont fait le choix de mieux rémunérer leurs enseignants, et la différence avec le niveau de rémunération des professeurs français est assez impressionnante :
Si l’on vous taxe encore de méchant lorsque vous annoncez que vous êtes libéral, répliquez en disant que vous êtes pour la hausse de la productivité, donc pour la hausse du niveau des salariés, donc des étudiants, donc pour la hausse de la rémunération des professeurs. Voilà qui devrait apporter un éclairage nouveau aux repas de famille.
Comme vous le savez, nous étions jusqu’à récemment face à des politiques monétaires extrêmement souples qui favorisaient le crédit.
La création monétaire s’est avérée supérieure à la croissance des pays occidentaux pendant de nombreuses années. Il en résulte un excédent monétaire qui devrait, logiquement, se répercuter sur les niveaux de prix.
Or, pour l’auteur, si cet afflux monétaire massif n’a pas généré une énorme inflation plus tôt, c’est que celle-ci s’est reportée sur les actifs immobiliers et les actions.
Pourquoi ? Parce que la mise en place d’un change fixe suite à la création de l’euro a généré une compression des prix afin de rester compétitifs dans les échanges internationaux. Ces excédents monétaires se sont déversés sur d’autres types de biens que ceux de pure consommation courante (immeubles, titres financiers) au détriment des plus jeunes générations qui, elles, se voient offrir des salaires plus faibles tout souffrant de la hausse spectaculaire des prix des logements.
La mise en place de la monnaie unique à supprimé la possibilité pour les Etats de pouvoir agir sur leur monnaie, qu’ils ne peuvent plus dévaluer, pour s’adapter aux échanges internationaux.
De plus, il ne faut pas être sorti de Saint-Cyr pour comprendre qu’imposer l’utilisation de la même monnaie à l’Allemagne comme à la Grèce n’était pas une idée particulièrement brillante sur le plan économique. Ces deux pays ayant des économies totalement différentes et des besoins monétaires qui, de fait, diffèrent également.
Nous verrons un peu plus bas que le souci est que favoriser le crédit, lequel résulte de ces politiques monétaires souples, entraine une vulnérabilité face aux hausses des taux.
Heureusement pour la France, la balance commerciale est dans le vert et.. Attendez, on me dit que non. Décidément.
Après avoir atteint un niveau record en 2022, le déficit commercial français s’est réduit en 2023.
Cette amélioration est plus conjoncturelle (liée aux prix de l’énergie) que structurelle et ne doit pas laisser penser que le pays est tiré d’affaire sur ces niveaux.
En cause :
le ralentissement de la productivité qui fait suite à la baisse du niveau global des nouveaux arrivants sur le marché du travail (cf. la partie sur l’éducation)
la désindustrialisation massive qu’à connu le pays pendant de nombreuses années qui prive la France d’un véritable appareil productif.
Cet important déficit contribue à creuser la dette française qui continue de crever le plafond.
Il existe certes des pays avec un niveau de dette encore plus important (comme le Japon par exemple) mais la dette japonaise est majoritairement détenue par les Japonais eux-mêmes.
Tel n’est pas le cas de la dette française qui est en majorité détenue par des non-résidents. Comme vous pouvez l’imaginer, il est plus difficile pour un Etat de faire pression sur des créanciers extérieurs que sur des détenteurs de dettes qui résident sur le sol national.
La situation est encore plus préoccupante que, d’après André-Victor Robert, l’endettement des ménages et des sociétés privées n’a jamais été aussi important.
Une donnée qu’il est aisé de vérifier en se rendant sur le site de la Banque de France.
Ainsi, depuis 2000, l’endettement des ménages (en ratio % du PIB) a tout simplement doublé. Une donnée qui, couplée aux précédentes, ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre pour redresser la situation du pays.
De plus, comme la dette a augmenté considérablement, la récente hausse des taux directeurs que nous connaissons n’est pas positive pour le pays. Concrètement, étant donné la charge de la dette et le besoin de roulement qui nous est nécessaire pour la refinancer, il est tout simplement intenable que les taux soient maintenus à un niveau trop élevé pendant une période prolongée.
La BCE vient d’ailleurs, avant la FED, d’annoncer une première baisse des taux et on lit entre les lignes qu’il est préférable pour les pays européens d’abandonner l’objectif d’une inflation limitée à 2% plutôt que de sauter en faisant défaut sur leur dette.
On pourrait encore parler pendant longtemps de ce qui dysfonctionne en France, des dépenses publiques incontrôlées, de la politique migratoire, du marché du travail, mais je préfère vous laisser la parole en commentaire (ou dans le Discord) pour avoir votre avis et échanger sur la situation du pays, surtout à l’aube des législatives anticipées qui se profilent.
J’espère que cet article vous aura plu. N’hésitez pas à nous faire part de vos retours via le sondage ci-dessous, à nous suivre sur les réseaux, et à partager l’article s’il vous a intéressé !
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