Le côté positif des monnaies numériques de banque centrale
Elles ne sont pas différentes des monnaies fiduciaires, et sont donc vouées à la même fin...
Après un article sur les risques qui pèsent sur les démocraties actuellement, j’aimerais amener sur un sujet qui semble tout naturel quand on parle d’autocratie : les monnaies numériques de banques centrales (qu’on nommera tout au long de cet article par CBDC : Central Bank Digital Currency).
Le but ici n’est pas de voir en détail le fonctionnement technologique de cette évolution, mais plutôt de réfléchir à ce qui pourrait en découler.
C’est une excellente question, avant de commencer à réfléchir autour de ce point, il est bon de rappeler quel est l’intêret de cette nouvelle forme de payement.
Déjà les CBDC ne sont pas de nouvelles monnaies. C’est de l’e-Euro, e-Dollar, e-Yuan, elles sont donc numériques, cryptées et elles se serviront probablement de la blockchain oui, mais elles seront centralisées.
Finalement je vois un petit peu ça comme une alternative publique à un service qui est pour le moment privé et géré par Visa ou Mastercard par exemple. Concrètement, un réseau digne de confiance, qui permet aux détenteurs de carte de crédit de payer chez plus ou moins n’importe quel commerçant. Sauf que cette fois-ci, c’est géré par les banquiers centraux.
Mais alors quel intêret ?
Selon cette petite vidéo de la BIS (considérée comme la banque centrale des banques centrales), les principales qualités des CBDC sont :
La rapidité de transaction
La sécurité
Les frais bas
Accessible par tous
Je pense que l’intêret est ailleurs, et je pense que tout le monde voit bien les problèmes liés à ce nouveau type de monnaie.
Évidemment, les USA sont sur le devant de la scène, et bien décidés à conserver leur hégémonie si précieuse après toutes ces années. Par un ton calme, Powell nous explique que les Etats-Unis auront leur CBDC, et que la FED joue un rôle de premier plan dans son développement.
"Notre objectif est de garantir un système de paiement sûr et efficace qui offre de larges avantages aux ménages et aux entreprises américains tout en favorisant l'innovation", a-t-il déclaré.
Dans un même temps, la FED semble faire attention aux débats sur la sécurité de la vie privée. À cette page, on peut lire :
2. Une CBDC américaine remplacera-t-elle les espèces ou le papier-monnaie ?
La Réserve fédérale s'est engagée à assurer la sécurité et la disponibilité continue de l'argent liquide et envisage une CBDC comme un moyen d'élargir les options de paiement sûres, et non de les réduire ou de les remplacer.
Pas franchement convaincu pour ma part, mais je laisse chacun se faire son propre avis sur le sujet. Je pourrais faire une compilation des discours des banquiers centraux qui se sont révélés faux, mais l’article ne peut pas être consacré qu’à ça.
La banque d’Angleterre quant à elle, a récemment expliqué qu’il était probable que la livre digitale arrive durant cette décennie.
Jon Cunliffe, gouverneur adjoint pour la stabilité financière de la Banque d’Angleterre, a déclaré :
“Nous pensons que, compte tenu des tendances actuelles, les CBDC pourraient devenir un moyen de paiement plus efficace”.
Et cette fois, ci, les représentants anglais semblent un peu plus pragmatiques. La commission des affaires économiques de la Chambre des Lords a récemment conclu qu'elle n'avait pas encore entendu d'arguments convaincants expliquant pourquoi le Royaume-Uni avait besoin d'une CBDC.
Au contraire, si une CBDC "peut offrir certains avantages", elle pourrait avoir des conséquences considérables sur les ménages, les entreprises, et la stabilité financière, comme :
La surveillance par l’état des choix de dépense des citoyens
L’instabilité financière, les citoyens ne convertiraient pas leur argent en CBDC pendant les périodes de tensions économiques.
Une augmentation du pouvoir de la banque centrale
Bien que l’Angleterre semble plus méfiante, il faut de toute évidence se préparer à l’arrivée des monnaies numériques de banque centrale.
Vous pourrez suivre l’avancée de ces dernières avec le site Atlantic Council.
Oui, les CBDC posent un problème évident concernant la vie privée vis-à-vis du gouvernement, pour la simple raison que ce produit financier viendrait d’eux directement, et qu’ils ne comptent pas l’anonymiser ou le décentraliser.
Ainsi, étant lié à un portefeuille numérique sur votre smartphone qui est probablement lié à votre identité numérique (ou si ce n’est pas le cas dès le début, ça arrivera par la suite) les CBDC connaîtront vos dépenses sur le bout des doigts.
Et ce n’est pas seulement savoir ce que vous faites. C’est également potentiellement retenir, geler ou pénaliser votre argent.
Tenez par exemple, prenons les manifestations au Canada.
Fin janvier 2022, des poids lourds américains défilent à Ottawa. Ils dénoncent les mesures sanitaires mises en place par Justin Trudeau.
Pour que les citoyens puissent apporter leur soutien aux camionneurs, des plateformes de financement participatif s’ouvrent.
Puis…
Le gouvernement de Trudeau décide donc, purement et simplement, de rendre possible le gel ou la suspension des comptes par les services financiers, avec pour motif le soutient aux manifestants.
Second exemple, cette fois-ci au Liban.
Une femme libanaise a braqué sa propre banque, voulant payer les soins de sa sœur atteinte d’un cancer.
Les banques libanaises limitent les retraits en cash de leurs citoyens depuis que le pays est victime d’une grave crise financière.
Et ce n’est pas un cas isolé, mais bien une multitude de citoyens qui sont obligés de braquer leur propre banque pour retirer leur argent qu’ils ont gagné. Une situation totalement lunaire.
La question ici n’est pas de savoir si vous êtes pro convoi de la liberté, ou si vous consentez la violence dans le cas du Liban. La question est : qui est légitime d’interdire l’utilisation d’une monnaie, et selon quoi ? Est-il légitime de bloquer l’argent gagné par les citoyens ?
La première chose à mon sens, les CBDC cherchent à étouffer les cryptomonnaies.
Le concept de monnaie alternative en dehors du système est une immense perte de pouvoir pour les institutions souveraines. Les CBDC sont probablement une attaque directe à la liberté promise par les cryptomonnaies, en particulier Bitcoin.
La deuxième chose que je vois, c’est qu’il est possible d’imposer des taux d’intérêt négatifs.
La plupart des pays sont criblés de dette, qu’ils ne pourront jamais les affronter. Si les citoyens sont obligés d’accepter les CBDC pour recevoir leur salaire et dépenser leur argent, alors ils seront obligés de se soumettre aux règles de la banque centrale.
Et si la banque centrale veut imposer des taux d’intêret négatif, c’est-à-dire que vous payez les banques pour détenir votre argent ?
Cela semble dystopique ? Pourtant, ça ressemble beaucoup à l’inflation dans laquelle nous sommes actuellement, ou les taux d’intérêt sont toujours négatifs (actuellement, l’inflation dépasse les taux d’intêret).
Cette solution semble donc être une possibilité pour que les pays puissent affronter leurs dettes.
L’eNaira, une monnaie numérique lancée au Nigéria, a été un échec sans précédent.
Un an après son lancement en octobre 2021, moins de 0.5% de la population avait téléchargé le portefeuille eNaira, ce qui est absolument ridicule pour un pays dont la population est estimée à 225 millions d’habitants. Sur ces téléchargements, seuls 270 000 portefeuilles étaient actifs.
Mais le gouvernement nigérien avait une idée toute trouvée pour forcer les gens à utiliser son eNaira, il a tout simplement décidé d’empêcher les citoyens d’utiliser leur argent liquide.
Cette prise de décision a créé des manifestations à travers tout le pays, les citoyens étant en colère ont décidé d’attaquer des distributeurs à billet de bloquer les routes, juste avant les élections.
La ministre des finances du pays, Zainab Ahmed, a même déclaré :
“Le seul point sensible est la douleur qu'elle a causée aux citoyens, ce qui est regrettable, mais qui est aussi très transitoire et temporaire”.
Mais encore une fois, dans chaque triste événement, nous trouvons une lueur d’espoir…
Déjà, la première excellente nouvelle des CBDC, c’est qu’elles sont vouées à s’effondrer.
Les CBDC ne sont rien d’autre que de la monnaie fiduciaire, avec les mêmes problèmes qui en découlent. Si le système monétaire actuel n’est pas viable, les CBDC ne le seront pas non plus et seront vouées à l’échec.
Deuxièmement, les CBDC sont un accélérateur incroyable pour les cryptomonnaies.
Un peu plus haut nous parlions d’un premier exemple de gel de la monnaie des citoyens, au Canada.
Qu’est-ce qu’il s’est immédiatement passé ? Les manifestants se sont immédiatement tournés vers Bitcoin.
Une plateforme de crowdsourcing nommée TallyCoin a pris le relais, et les manifestants ont pu lever un million de dollars en Bitcoin. Le site Tallycoin n’intervient pas dans le paiement, il permet seulement de mettre en relation donateur et causes.
Bitcoin a (encore) prouvé son intêret : résistant à la censure et à la saisie des gouvernements.
Et ce type de prise de décision du gouvernement canadien pousse les citoyens vers toujours plus de méfiance envers leur gouvernement. La seule alternative actuellement connue, d’un instrument numérique sans tiers de confiance, accessible à tous, partout et quoi qu’il arrive, c’est bien le Bitcoin.
L’or a également résisté à travers les différentes crises monétaires pour ses caractéristiques immuables, mais le Bitcoin est tout de même nécessaire car il a un avantage incroyable : il est mobile. Quand l’Ukraine a demandé des fonds au monde entier pour combattre la Russie, elle n’a pas demandé de l’or, elle a demandé du Bitcoin.
Si le Bitcoin échoue, les chances d’une liberté monétaire meurent avec.
La protection de la vie privée meurt, avec la fin d’un réseau ouvert et neutre, auquel tout le monde peut adhérer et avoir droit au pseudonymat.
La censure gagne, et les réseaux financiers pourront empêcher les citoyens de jouir de leur souveraineté monétaire, comme ils n’ont pas hésité à le faire au Canada.
La survie de Bitcoin est indispensable dans un système financier ou les CBDC deviennent courantes. Et nous devons la défendre (même s’il est quasiment impossible pour les gouvernements d’empêcher l’utilisation de Bitcoin).
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