Les 3 éléments macroéconomiques à surveiller actuellement
Iran - Israël, retour de l'inflation, chute de la valeur de la dette américaine, hausse de l'or
Ce week-end a été très mouvementé en termes de géopolitique, l’Iran tirant plusieurs drones et missiles en direction d’Israël.
Dans un même temps, l’inflation a encore montré la semaine dernière des signes de rebond, provoquant une vente accrue des obligations.
C’est de ces sujets que nous allons discuter en profondeur en ce lundi 15 avril. Bienvenue dans The Macronomist, si on vous a fait suivre ce mail, je vous invite à vous abonner ⤵️
Vous n’avez pas pu passer à côté, ce week-end l’Iran a attaqué Israël avec pas moins de 120 missiles balistiques, 30 missiles de croisière et 170 drones, nous rapporte le Financial Times.
Cette attaque est réalisée pour venger la mort de plusieurs officiers militaires iraniens, dont le général Mohammad Reza Zahedi, tué dans une frappe aérienne attribuée à Israël en Syrie le 1er avril.
Nous n’allons pas ici rentrer dans les origines et les tenants et aboutissants du conflit Iran - Israël, mais plutôt voir les possibles conséquences pour le marché.
Étant que ce conflit est basé dans le Moyen-Orient, les principaux risques tournent autour de l’envolée du prix du pétrole.
L'Opep réduit volontairement sa production de pétrole depuis quelque temps afin de soutenir les prix. Nous pouvons voir ci-dessous, sur le graphique de gauche, la capacité excédentaire de production de l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) à l'exclusion de l'Iran, exprimée en pourcentage de la production mondiale totale de pétrole.
Concrètement, il illustre la quantité de pétrole supplémentaire que les pays de l'OPEP, à l'exception de l'Iran, peuvent potentiellement produire par rapport à la demande mondiale.
Finalement, l’attente se situe surtout sur la réponse de l’OPEP en termes de politique vis-à-vis de l’offre.
L’impact à court terme (ce lundi donc) dépendra de comment les intervenants du marché, les consommateurs et les producteurs réévalueront les risques, et notamment le risque de réponse d’Israël.
Difficile de savoir si et comment Israël répondra à cette attaque. Le gouvernement américain semble essayer de les dissuader :
Le président américain Biden a averti le Premier ministre israélien Netanyahu que les États-Unis ne participeront pas à une contre-attaque israélienne contre l'Iran.
Mais, nous ne saurons pas la fin de cette histoire avant que ledit événement se produise. C’est bien la chose compliquée avec la géopolitique, même en connaissant très bien le sujet, il est bien difficile de prévoir ce que vont faire les dirigeants des différents pays.
L’Iran a une capacité de production d’environ 3.4 millions de barils par jour, selon Goldman Sachs, et son principal partenaire est la Chine.
Les risques les plus importants sont donc les suivants :
L’OPEP qui continue de réduire la production existante, dans un contexte de tension avec l’Occident et plusieurs pays de l’OPEP.
Une réponse virulente d’Israël, qui pourrait toucher les raffineries.
L’offre de pétrole Iranien qui se restreint.
L’inflation américaine est, pour la 4e fois consécutive, sortie au-dessus des prévisions du consensus la semaine dernière.
Ce rebond rappel une époque douloureuse, celle de la grande inflation des années soixante-dix.
Rappelons que pour vaincre cette inflation, le célèbre Volcker, à l'époque président de la banque fédérale américaine, a fait grimper les taux jusqu’à 19%, et ils seront maintenus au-dessus de 14% pendant 7 mois.
Bien loin des taux actuels de la banque fédérale américaine, à 5,33%.
Pour Hartnett de la Bank of America, l’inflation devrait être à 4 voir 5% d’ici les élections américaines en novembre :
Une bien mauvaise nouvelle pour Joe Biden, qui doit convaincre les Américains de sa bonne gestion de l’économie (rires dans l’assemblée).
De plus, comme nous l’avons vu sur le point précédent, le pétrole est à risque avec les récents événements du Moyen-Orient. Pas franchement une bonne nouvelle non plus.
Qu’est-ce que cela signifie concrètement, que l’inflation risque de rester élevée pour les prochains mois ?
La FED ne va pas baisser ses taux aussi vite que prévu. Initialement prévue en juin par le marché, il semble désormais plutôt pricer une baisse pour fin juillet, et seulement avec une probabilité de 50% :
Cette baisse des taux retardée pose beaucoup de problèmes. D’une part cela augmente la probabilité d’un événement de crédit, une banque qui fait faillite, un problème sur l’immobilier commercial, bref… Tout ce qui touche de près ou de loin au crédit.
Mais également, cela fait souffrir les plus petites entreprises ; l’optimisme des petites entreprises est à son plus bas depuis 11 ans, et elles décalent donc les embauches. Rappelons tout de même que les petites entreprises représentent 2/3 des emplois aux USA.La valeur des obligations chute. Étant donné que la baisse des taux tant attendue est repoussée, et risque de l’être encore si l’inflation continue de rebondir, la valeur des obligations chute.
L’or apprécie la situation. La réserve de valeur par excellence, l’or, apprécie cette situation entre tension géopolitique et inflation collante. Il réalise une excellente performance de +14% en cette année 2024.
Pour combattre ce rebond de l’inflation, Goldman Sachs a créé un indice qui réplique les sociétés et les secteurs qui ont bien performé en 1970, pendant la deuxième vague de l’inflation.
Je n’ai pas sa composition exacte, que je n’ai pas réussi à trouver, mais vous pouvez trouver ci-dessous les secteurs qui composent cet indice :
Ce qui est assez drôle avec ce panier d’action contre l’inflation, c’est qu’il est développé par une certaine équipe de Goldman Sachs qui travaille dans la recherche actions probablement… Et l’équipe recherche macroéconomique de Goldman Sachs continue de parier sur une chute de l’inflation. C’est-à-dire qu’il y aurait duel entre deux équipes de Goldman Sachs, l’une étant le trade opposé de l’autre ?
Hâte de connaître le vainqueur :)
Le marché de la dette américaine à long terme voit son rendement annualisé sur 10 ans s’effondrer, à son niveau le plus bas depuis 65 ans.
Le changement entre la décennie 2010 et 2020 et brutal :
La décennie 2020 semble se tourner vers une période de guerre, débutée par l’invasion Russe en Ukraine, puis le conflit Israël - Palestine, qui a gagné en intensité.
Ces guerres coûtent de l’argent aux USA, ce qui rend leur dette moins viable…Cette décennie semble être également celle de l’excès fiscal. Nous en avions déjà discuté dans cet article, le déficit des USA est sans précédent :
Ces conflits multiplient le protectionnisme, tandis que le libre marché et la mondialisation avaient grandement contribué à l’augmentation du niveau de vie de l’Occident.
Il y a un manque d’offre de main-d’œuvre et de logement, qui contribue nettement à l’augmentation de l’inflation, qui contribue à repousser la baisse des taux, qui contribue à l’effondrement de la valeur des obligations.
Et pour couronner le tout, il faut bien financer ce déficit sur les marchés en empruntant de l’argent, qui coûte plus cher étant donné que le rendement augmente…
Beaucoup d’éléments à prendre en compte donc, mais qu’est-ce qui compte réellement ?
Cette semaine, ce qui sera sur tous les radars, c’est bien la réponse d’Israël à l’attaque de l’Iran. C’est l’événement à surveiller en priorité, une escalade inquiéterait méchamment les marchés, notamment à cause de la hausse probable du pétrole si cela venait à arriver.
Ce qui se passe cette semaine aura une influence directe sur l’inflation, qui est l’élément à surveiller à plus long terme. Les publications de cette dernière auront une influence sur les taux, qui auront une influence sur l’ensemble de l’économie. Si elle continue de monter, cela contribuera à faire perdre confiance en Joe Biden, et augmenter la probabilité que Donald Trump soit élu.
Le marché pricera également le risque (ou le bénéfice) des élections présidentielles américaines. Trump semble bien décidé à renforcer la tendance isolationniste et à couper court aux différents conflits. Comment les marchés vont évaluer ces éléments ? Bien difficile de le déterminer.
Les taux posent également de nombreuses questions. Pour ma part, un de mes paris de l’année est sur les services publics américains ($XLU), mais la question se pose de le couper. Ce secteur s’est historiquement évalué lorsque les obligations se sont appréciées, et lors des années présidentielles. Je pensais que les taux allaient baisser assez rapidement cette année, mais il semble bien que l’inflation est collante et risque de repousser la baisse des taux.
Je garde le trade pour le moment, mais je suis prêt à le couper si le secteur sous performe. Pour l’instant, il n’est pas excessivement vendu par le marché, donc je le garde.
Enfin concernant les obligations, que j’ai également en portefeuille (via ETF), je les conserve également. J’ai une perte l’attente, mais l’ETF verse des dividendes, et la volatilité n’est pas extrême (surtout quand on vient du marché crypto).
→ S’il se passe un événement de crédit, la FED va relancer le QE.
→ Je pense que la FED va passer à une politique de contrôle de la courbe de rendement (YCC) plutôt que de QE, s’il ne se passe pas d’événement de crédit. Mais, nous en parlerons lors d’un article dédié.
Voilà pour l’article de ce lundi, j’espère qu’il vous aura plu ! Si c’est le cas, n’hésitez pas à le relayer à vos proches intéressés par ces sujets.
Quant à nous, on vous dit à mercredi pour un nouvel article de
.Merci de nous soutenir.
Merci de l'article, toujours aussi qualitatif !