Milton Friedman est l’un des économistes qui aura le plus marqué le 20ème siècle. Ennemi des keynésiens et passionné de la question monétaire, il posera les bases de nombreuses théories économiques encore utilisées aujourd’hui.
Et alors que nous entendons de plus en plus parler de libéralisme ces derniers temps, ce portrait est également l’endroit idéal pour remettre l’église au centre du village et évoquer les dérives lexicales qui galvaudent le terme “libéral” depuis trop longtemps.
Bienvenue dans le grand dossier de cette semaine consacré à Milton Friedman. Si l’on vous a fait suivre cet email, je vous invite à vous abonner avant de continuer votre lecture !
Milton Friedman est né à New York en 1912. Il est en issu d’une famille juive hongroise qui a immigré vers le nouveau monde. Il mourra à San Francisco (très jolie ville par ailleurs) en 2006.
D’un profil plutôt scientifique, Milton fera des études supérieures dans lesquelles il se passionnera d’abord pour les mathématiques avant de bifurquer vers les études d’économie. Il obtiendra un Master en économie à l’université de Chicago.
Brillant élève, Milton Friedman ne parviendra toutefois pas à décrocher un emploi dans le milieu universitaire. Il commencera donc par exercer des responsabilités au niveau fédéral au milieu des années 30.
Rapidement, il se montrera critique vis à vis des politiques économiques et monétaires menées par l’Etat qui, selon lui, faussent les prix des principaux produits à la consommation.
L’influence de la monnaie et de sa quantité sur la fixation des prix sont des sujets qui vont le passionner. Il y dédiera ses principaux travaux.
La carrière de Milton Friedman, n’est toutefois pas exempte de contradictions. Ainsi, il viendra à exercer en tant que conseiller du Trésor américain au début des années 40. Il devra à cette occasion défendre la politique keynésienne (de relance par la dépense) menée par le gouvernement américain.
Rapidement, il publiera pour son propre comptes de nombreuses analyses frontalement opposées à l’interventionnisme étatique défendu par Keynes.
Nous en parlions dans l’article de lundi, la pire semaine de l’histoire boursière a bien eu lieu en 1929. N’hésitez pas à lire notre article complet si vous souhaitez avoir plus de détails sur cet évènement économique majeur.
Pour Milton Friedman, cette crise n’a pu atteindre une telle magnitude que parce que la FED a failli à sa mission, et qu’elle a improprement utilisé les outils à sa disposition pour réguler la monnaie américaine.
Ainsi, entre 1929 et 1933, la réserve fédérale américaine réduira d’un tiers la quantité de monnaie disponible ce qui n’aidera pas le système économique à repartir sainement.
Milton Friedman aura des mots assez durs concernant les agissements de la FED à cette époque et déclarera
Loin d’être un échec du système de libre entreprise, la crise a été un échec tragique de l’État.
Cela ne l’empêchera pas de recevoir le prix Nobel d’économie en 1976 pour ses découvertes dans le champ de l’analyse de la consommation, de l’histoire et de la théorie monétaire et pour sa démonstration de la complexité des politiques de stabilisation monétaire.
Comme nous le disions plus haut, Milton Friedman n’est pas un adorateur de l’Etat Providence. Il ne croit ainsi pas du tout à ce que le salut de la Nation puisse passer par plus d’interventionnisme étatique, bien au contraire. Et quoi de mieux pour résumer sa pensée que cette citation devenue célèbre sur les manières de dépenser de l’argent.
Ainsi, pour notre cher Milton :
On peut dépenser de l’argent de quatre manières différentes. Premièrement, on peut dépenser son propre argent pour son bénéfice personnel. On a tendance à être prudent et à vouloir en obtenir le plus possible. Deuxièmement, on peut dépenser son propre argent au bénéfice des autres. Par exemple, quand on achète un cadeau d’anniversaire à quelqu’un. On est alors moins attentif au contenu du cadeau, mais on se préoccupe tout de même du coût. Troisièmement, on peut dépenser l’argent des autres pour son bénéfice personnel. On s’offrira certainement ce qu’il y a de mieux ! Quatrièmement, on peut dépenser l’argent des autres au bénéfice des autres. Dans ce cas, on ne se préoccupe ni du coût ni de ce qu’on obtient. C’est ainsi que fonctionne l’État.
D’après lui, un état qui agit sainement devrait limiter le coût des dépenses publiques à 10 à 15% du produit national. Force est de constater que nous en étions déjà assez éloignés à l’époque ou Friedman formulait cette idée, et que nous ne nous en sommes pas rapprochés.
Ainsi en atteste les statistiques dressées par l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques) en 2022. Ces dernières démontrent que les dépenses publiques pèsent 58% du PIB (Produit Intérieur Brut).
Comme vous le voyez, depuis que Milton Friedman aura avancé ses arguments en faveur d’une plus grande maîtrise de la dépense publique, le poids de celle-ci aura presque doublée en 50 ans… Mais jusque là tout va bien.
Il est maintenant temps de revenir un peu plus en détail sur la théorie quantitative de la monnaie.