Bilan mi-2023 : qu'est-ce qu'il s'est passé, et à quoi s'attendre ?
IA, bankrun, resserrement monétaire et concentration
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La moitié de l’année 2023 est passée, l’occasion pour nous de faire un retour sur ce qu’il s’est passé, et ce qui peut être intéressant pour la seconde partie de l’année.
Narrative IA, hausse des taux, risques sur les banques régionales, immobilier commercial… Une année absolument passionnante.
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Dans un premier temps, discutons de politique monétaire :
Les marchés on fait face, tout au long de l’année 2022, à une vague de resserrement monétaire afin de ralentir l’inflation. Depuis l’année 2023, les balances des différents banquiers centraux ont stagné, et la FED a dû intervenir pour apporter son soutien aux banques après la chute de la Silicon Valley Bank (SVB).
Nous avons tout de même eu une impulsion désinflationniste violente, grâce à une hausse des taux extrêmement agressive. Mais pour éviter l’erreur Volcker, Jérôme Powell compte bien continuer de hausser les taux et les laisser à des niveaux restrictifs pendant un temps.
La question est de savoir : combien de temps faudra-t-il avant que l’inflation revienne à l’objectif des 2%. Nous l’avons vu à de nombreuses reprises, cet objectif serait atteignable, mais le chômage augmenterait de manière drastique, en amont des élections.
Olivier Blanchard, ex-économiste en chef pour le Fonds Monétaire International (FMI), appelle également à remonter l’objectif d’inflation à 3%.
Les fonds du marché monétaire quant à eux, récolte toujours la mise. Gagner 4 voir 5% sur les obligations américaines, avec un risque extrêmement faible (la faillite de l’État américain) à su séduire les intervenants.
L’économie a surpris aussi, en montrant une résilience impressionnante. Les consommateurs restent relativement forts, bien que les ménages aux revenus les plus élevés aient légèrement souffert de la période.
La question à se poser ici : à quel point les bonnes nouvelles susmentionnées ont été pricées par le marché ?
Concernant l’inflation, les intervenants prévoient une baisse de l’inflation plus rapide que ce que le prévoient les économistes de Goldman Sachs. Le plus dur est le chemin entre les 3 et les 2%.
Commençons par rappeler que l’année 2022 fut particulièrement éprouvante pour les marchés actions.
La hausse des taux, le risque d’une récession, la guerre en Ukraine, la chute du cours de la livre accompagnée par une petite panique bancaire en Angleterre… Ces éléments ont pesé sur les marchés. Les intervenants avaient alors abordé les marchés sur un positionnement très négatif, tout en s’attendant à un atterrissage en douleur.
L’année 2023 a donc été marquée par un départ sur les chapeaux de roues, notamment pour le NASDAQ.
Depuis le début d’année :
NASDAQ : +38%
SP500 : +15%
Russell : +5%
Dow Jones : +2%
Si nous devions donner une explication à la performance des actions en ce début d’année, je dirais que :
La croissance américaine est restée particulièrement résiliente, accompagnée par le marché de l’emploi. Nous avons retrouvé le niveau d’emploi d’avant COVID, mais ce qui est un signe de bonne santé économique.
L’inflation a fortement baissé, et même les logements ont commencé à faiblir en prix.
La concentration extrême de l’indice SP500.
Parlons rapidement d’un thème important de l’année 2023 : l’explosion de l’intelligence artificielle, portée par ChatGPT, MidJournaly, Dall-E…
Nous pouvons voir ici à quel point ce début d’année 2023 a été fondamentalement différent de l’année 2022 : sur l’axe horizontal vous trouverez les performances de l’année 2022, et sur l’axe vertical vous trouverez les performances de l’année 2023.
Ce graphique illustre parfaitement la différence entre les deux années. Les fortes capitalisations technologiques, spécifiquement celles liées à l’IA, ont surperformé l’ensemble du marché, à l’inverse de 2022.
Assez étonnant de voir les memes stocks aussi bien performer en 2023 (et ce n’est pas bon signe en l’occurrence).
Depuis quelques semaines, le panier d’actions du SP500 liées à l’IA semble marquer une pause :
Une information qui corrèle avec un nombre de recherches faiblissant pour le terme “chatgpt”.
Le graphique des rendements par secteurs semble être une photographie négative de l’année 2022 :
L’énergie qui est à la traîne, tandis que la technologie surperforme. Tout l’inverse de 2022.
Mais, à part le secteur technologique, et consommation discrétionnaire, la plupart des secteurs du ci-dessus sont bon marché, comparés aux 30 dernières années.
Nous pouvons le voir ci-dessous, avec le graphique représentant la répartition des ratios cours / bénéfices (P/E) des différents secteurs par rapport à l'indice S&P 500 sur une période de 30 ans. Le diamant représente le relevé le plus récent.
Le secteur de l’énergie est visiblement celui qui est le plus éloigné de sa médiane. L’immobilier peine également, mais c’est un élément normal à une période ou les taux d’emprunts sont plus élevés.
La liquidité qui devrait continuer à se restreindre au cours des prochains mois (comme nous avons pu l’observer lors de la première partie) est également un élément prépondérant à prendre en compte. Pour les actions, cela signifie une chose en tant qu’investisseur : débarrassez-vous des actions d’entreprises qui ne sont pas rentables. C’est la première chose à faire, et les abonnés premiums sont particulièrement au courant :
Les investisseurs se concentrent sur les entreprises rentables et qui font attention à leurs dépenses : en témoigne comment les licenciements massifs chez les grandes entreprises de la tech ont été accueillis.
Gardez également un œil sur la rotation d’actifs des entreprises que vous avez en portefeuille. Cette métrique mesure combien de fois les actifs de l'entreprise ont été convertis en vente au cours d'une période donnée. Plus le ratio est élevé, plus l'entreprise est efficace dans l'utilisation de ses actifs.
C’est ce que cherchent les investisseurs quand la liquidité est restreinte : des entreprises qui utilisent bien leurs cashs.
Le pouvoir de fixation des prix va rester un élément essentiel durant la seconde moitié de l’année. L'indice des prix à la production est baissier, ce qui indique qu’il faut s’attendre à une compression des marges.
Les industriels manufacturiers sont probablement les plus à risque : les carnets de commandes, qui ont été bien remplis ces dernières années, commencent à se contracter. L’indicateur ISM Manufacturing New Orders est basé sur une enquête mensuelle auprès des responsables des achats dans le secteur manufacturier. Les participants sont interrogés sur les nouvelles commandes qu'ils ont reçues au cours du mois précédent. Les réponses sont agrégées et exprimées sous forme d'indice.
Après le COVID, les problèmes étaient les chaînes d’approvisionnement et le fait d’avoir assez d’offres pour répondre à l’abondance de la demande. Désormais, le risque est que les stocks soient trop importants pour une demande faiblissante. En essayant de voir le verre à moitié plein, cela indique une pression sur les prix pour écouler les stocks, ce qui peut aider à calmer davantage l’inflation.
Les secteurs moins dépendants de ces métriques sont la santé, l’aéronautique, la défense, et la technologie (évitons quand même d’acheter NVDA 0.00%↑ dont le ratio cours / bénéfice est de 219).
Les levées de fonds par les venture capital (VC) continuent de se faire de plus en plus rares, après des années 2021 et 2022 absolument fantastiques.
Ce qui semble normal. La majorité des start-up ne sont pas rentables, les taux longs rendent l’accès aux capitaux difficiles. Comme je l’ai noté plus haut, le fait qu’une entreprise soit rentable ou non sera décisif durant les prochains mois.
Donc, nous avons ici tout ce dont nous avons besoin de savoir.
Les secteurs qui m’intéressent sont ceux qui souffrent d’un retard important, avec un fort pouvoir de fixation des prix. Je me pencherais sur les bilans d’entreprises en cherchant une rotation d’actif élevée, supérieur à leurs concurrents du même secteur. Il faut également que l’entreprise soit rentable.
J’avoue que le secteur de l’énergie m’intéresse particulièrement, et j’aimerais trouver quelques entreprises dans ce secteur. La transition énergétique est toujours d’actualité, et l’idée d’un hiver sans gaz russe bon marché pour l’Europe reste au cœur des questionnements. Nous en avions parlé ici :
Voilà pour l’article du jour. J’espère que vous avez pris autant de plaisir à le lire que j’en ai pris à l’écrire.
Je poste sur Instagram les graphiques les plus importants à retenir.
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À jeudi pour les membres premiums !