C'est quoi au fait, le marché ?
Les bases du fonctionnement du marché et de l'achat d'actions
Bienvenue dans cette nouvelle chronique sur les bases du marché. Mais avant d’entrer en détail sur ce qu’est une action, une obligation ou tout autre produit financier avec lequel votre esprit souhaiterait pouvoir jouer, nous allons attaquer par le début.
Et donc, c’est quoi le marché ? Et comment ça marche ?
La définition historique est qu’un marché, c’est un lieu de rencontres. Un lieu d’opportunités où se mélangent acheteurs et vendeurs. Qu’il s’agisse du marché de votre ville ou de la Bourse de Paris, le principe est le même.
Vous souhaitez acheter ce que quelqu’un d’autre détient. Il va donc falloir vous mettre d’accord sur la valeur et le prix de cette chose.
Un principe relativement simple, mais l’arrivée de l’informatique et d’internet ont fait des bourses du monde entier de fabuleux terrains d’opportunités. Car n’importe qui peut acheter n’importe quelle action, facilement et avec (relativement) peu de frais à travers le monde.
La première chose à garder en tête est donc que, naturellement, lorsque vous achetez une action, il y a toujours quelqu’un d’autre qui vous la vend. Et qui estime qu’il est bon pour lui de s’en séparer au prix convenu. C’est la rencontre entre l’offre et la demande à laquelle nous avons déjà fait référence lorsque nous évoquions certaines figures de l’histoire de l’économie, comme Adam Smith.
Lorsque vous souhaitez agir sur les marchés, il est à mon sens toujours intéressant de ne jamais perdre de vue le fait que vous jouez contre tous les autres intervenants qui, comme vous, essaient de faire le maximum de profits. Attention donc à ne pas mélanger marché (lieu d’échanges) et le casino (lieu de loisirs et de hasard). Mais si vous lisez The Macronomist, vous n’êtes pas ce type d’intervenant.
En tant qu’investisseur sérieux, vos décisions doivent être réfléchies et suivre un plan que vous aurez pris la peine d’établir au préalable, mais cela fera l’objet d’un autre article.
Mais pour que vous puissiez investir sereinement, il va falloir que quelqu’un s’assure que le marché fonctionne correctement. Il faut donc assurer que les intervenants suivent les règles qui ont été établies et que personne ne triche. Pour la Bourse de Paris, c’est le rôle de la société Euronext.
Euronext est une société dont le rôle est capital. Elle s’assure de la bonne tenue du marché dans plusieurs pays européens (dont la France sous la supervision de l’AMF).
C’est donc Euronext qui va gérer les marchés, assurer de leur bon fonctionnement et de leur transparence. Elle fixe donc les règles d’accès au marché (admission des sociétés “à la cote”). Mais Euronext va également diffuser les cours de la Bourse.
Lorsque vous vous connectez sur le site de votre banque ou de votre courtier pour consulter le cours d’une action, l’information est transmise par Euronext. Plus de 2 000 personnes travaillent pour Euronext dont le chiffre d’affaires avoisine le milliard d’euros.
Sans entrer dans les détails, le marché parisien géré par Euronext est lui-même divisé en plusieurs marchés selon la taille des entreprises qui le composent.
Si Euronext est le marché principal, Euronext Growth est la place boursière dédiée aux PME et Euronext Access est la place dédiée aux échanges de gré à gré. Il n’est pas fondamental de retenir cette dernière car la liquidité y est souvent faible et vous n’y ferez vraisemblablement pas de transaction.
Maintenant que vous en savez un tout petit peu plus sur le fonctionnement du marché, il faut se poser la question sur la raison d’être de celui-ci.
Comment se couvrir, comprendre les lettres grecques, traiter les données liées à la volatilité avec les options ; nous avons traité toutes ces questions dans la série d’article sur les options, disponible pour les abonnés premium.
Le marché est donc le lieu de rencontres entre plusieurs volontés. Celles de ceux qui veulent acheter des actions, celles qui veulent les vendre. Mais aussi celles des entreprises qui proposent leurs titres en bourse (on les appelle alors : les émetteurs car elles émettent de nouvelles actions ou obligations qu’elles proposent au public).
Dans toutes les sociétés d’investissement se trouve un service “d’aide aux émetteurs” dont le rôle est d’accompagner les sociétés dans la gestion de leur capital, de leurs décisions exceptionnelles ou lors de l’émission de nouvelles dettes au public. Si ces notions ne vous disent rien pour le moment, pas de panique, nous reviendrons en détail dans d’autres articles sur ce qu’est une émission obligataire ou les différents types d’actions qui peuvent composer le capital d’une société.
Mais revenons à nos moutons. Vous êtes vous déjà posé la question de savoir pourquoi une entreprise est-elle, ou souhaite-t-elle être cotée en Bourse ?
En réalité, la réponse est fort simple :
Le fait d’être cotée pour une entreprise va permettre à cette dernière de toucher de nombreux investisseurs à travers le monde. Le grand public ainsi que les institutionnels peuvent alors se partager le capital social de la société (c’est-à-dire les actions qui la composent). Il faut avoir en tête que le capital d’une entreprise n’est pas figé et que cette dernière peut décider de l’accroître pour faire rentrer de nouveaux actionnaires à bord, ce qui lui permet d’éviter de s’endetter auprès d’une banque.
Après tout, pourquoi contracter un crédit quand certaines personnes sont heureuses de vous donner cet argent en échange d’une part de votre entreprise ?
Seules les entreprises qui répondent à un certain nombre de critères peuvent être cotées en Bourse, réussir son introduction sur la place de marché permet donc de gagner en respectabilité auprès des investisseurs de toute la planète.
Un échange forcément gagnant-gagnant ? Pas forcément. Certaines sociétés s’écroulent après leur entrée en bourse. Tel est le cas de Cybergun qui est certainement l’un des pires résultats enregistrés à la Bourse de Paris depuis qu’elle existe.
D’autres entreprises diluent trop fortement leur capital et certains dirigeants en viennent à perdre la maîtrise de la société qu’ils ont créée au profit de fonds d’investissement qui jouent exclusivement sur l’aspect spéculatif de la chose.
Comme vous le savez sûrement, l’argent est un monde qui ne laisse pas beaucoup de place aux sentiments.
Maintenant que vous savez que les bourses du monde entier ne sont que des lieux de troc avec beaucoup (trop) d’écrans, reste une question. Pouvez-vous pousser la porte de la Bourse de Paris et crier :
“Chef, mets-moi la complète et rajoute deux douzaines d’actions Méta !”
Non (enfin théoriquement vous pouvez mais je vous le déconseille).
Il va donc falloir aller trouver la société qui peut vous aider à acheter ces actions. C’est le rôle des prestataires de services d’investissement.
Les “Prestataires de Services d’Investissement” (ou PSI) est un terme sous lequel se cachent deux types de sociétés. Les banques ou les sociétés d’investissement (courtiers). En réalité il s’agit simplement des entreprises qui peuvent vous aider à acquérir des titres en bourse et en assurer la conservation (le temps où les actions se conservent dans un coffre-fort à domicile est révolu depuis longtemps).
Sortez-vous tout de suite de la tête l’idée de créer votre propre PSI, l’activité est extrêmement régulée et placée sous la supervision du gendarme financier français, l’AMF (Autorité des Marchés Financiers). Et la situation est la même aux Etats-Unis avec la SEC (Securities & Exchange Commission).
Vous pouvez en avoir le cœur net en lisant les articles L.531 et suivants du Code monétaire et financier, mais vous allez passer un moment difficile.
Tous les PSI qui exercent en France sont soumis aux mêmes règles mais tous ne se valent pas. Peut-être votre banque traditionnelle ne vous permettra-t-elle pas d’aller acheter des actions américaines sans vous facturer des frais mirobolants, mais peut-être votre courtier 3.0 ne propose-t-il lui pas de PEA pour bénéficier de la fiscalité attractive de ce produit.
À mon sens, il n’est pas inenvisageable d’ouvrir un PEA dans votre banque traditionnelle et d’ouvrir également un compte chez un courtier qui vous permette d’aller vous exposer à des actions étrangères à moindres frais. Tout dépend de ce que vous recherchez, de votre profil d’investissement et de la durée pendant laquelle vous souhaitez rester exposé au marché actions.
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Trois articles par semaine, sur des sujets variés liés aux marchés. Nous avons récemment étudié le marché des semi-conducteurs, comment les gestionnaires de fonds abordent la période actuelle, le marché de l’énergie ou encore les options. Plus de 90 articles sont disponibles.
Discord, contenant des mises à jour régulières du marché, des rapports institutionnels (Goldman Sachs, JPMorgan, BoFa…), et l’accès au chat. Je réponds également à toutes les questions, et je prends vos suggestions avec grand plaisir.
Graphique sur les sujets d’actualités, tirés des rapports institutionnels.
Certains courtiers vous proposent d’ouvrir un compte et d’acheter vos premières actions sans autre formalité (Degiro par exemple). En revanche, si vous faites appel à votre banque traditionnelle en tant que PSI, vous aurez accès à plus de supports d’investissement.
Ainsi, le Compte Titres Ordinaires (ou CTO) est le compte sur lequel vous pouvez acheter et vendre n’importe quelle action qui vous est proposée. Facile, mais en contrepartie vous ne bénéficiez d’aucun traitement fiscal avantageux.
Les PEA (Plan d’Epargne en Actions) et PEA-PME sont en revanche deux supports d’investissement biens particuliers, complètement indépendants et qui peuvent vous permettre d’investir sur des sociétés qui répondent aux critères de ces plans.
Ces critères sont multiples mais voici les plus simples, pour être éligible à l’investissement en PEA, les sociétés doivent :
Être assujetties à l’impôt sur les sociétés (IS) ;
Avoir leur siège social au sein de l’Union Européenne ou de la Norvège, l’Islande ou le Liechtenstein ;
La règle est simple : tant que vous ne sortez pas votre argent du PEA, vous ne serez pas fiscalisé sur vos opérations. Et au bout du 8 ans de détention d’un de ces plans, vous ne paierez que les prélèvements sociaux en cas de sortie. Les retraits au bout de 5 ans de détention n’entraînent pas la clôture de votre Plan mais rendent impossibles de nouveaux versements. Le fonctionnement d’un PEA peut être complexe et pourrait faire l’objet d’un article dédié, pour ceux d’entre vous que le sujet intéresse.
Enfin, sachez qu’il est possible de détenir des actions de plusieurs manières différentes.
Finissons cet article en évoquant rapidement les différents modes de détention d’une action. Le plus souvent, vous détiendrez vos titres “au porteur”. Cela signifie qu’ils sont détenus par votre intermédiaire financier (le fameux PSI dont nous parlions plus haut) et que la société ne vous connaît pas directement.
Ce mode de détention est le plus courant, c’est celui qui est le plus simple à gérer et qui vous permet de facilement acheter et vendre des titres sans avoir à vous préoccuper d’échanger avec le teneur de registres des titres (la société ou son intermédiaire financier à elle).
Mais vous pouvez également détenir vos titres “au nominatif”.
Il existe deux variantes de la détention en nominatif :
le nominatif pur : dans ce cas la société possède vos coordonnées et vous échanger directement avec son service titre lorsque vous voulez faire exécuter un ordre afin que le registre de détention des actions soit mis à jour.
La détention d’actions en nominatif pur permet aux actionnaires de communiquer directement avec la société, ce qui facilite l’accès à certaines informations (tenue d’assemblée générale par exemple). C’est le mode de détention à privilégier pour ceux qui souhaitent débuter une relation de confiance long terme avec une entreprise qu’ils auront choisie après moult recherches.
En revanche, cela signifie que vos titres sont détenus directement dans les registres de la société et que vous devrez posséder un compte titre auprès de chaque société dont vous détenez les actions en nominatif pur. Pas la meilleure manière de fonctionner donc si vous voulez multiplier les lignes.
En revanche, si vous souhaitez vous exposez majoritairement à une ou deux entreprises pour du long terme, alors la détention en nominatif pur peut vous offrir de beaux avantages, l’un des principaux étant que la société ne vous facturera aucun droit de garde pour conserver ses propres actions.
Le nominatif administré : sorte d’hybride entre le nominatif et la détention au porteur, le nominatif administré vous permet d’éviter cette contrainte de détenir des comptes auprès de chaque société mais de bénéficier quand même d’une communication privilégiée de la part des entreprises au sein desquelles vous investissez. Dans ce cas de figure, vos titres sont conservés par votre intermédiaire financier.
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Voilà déjà beaucoup d’informations à retenir mais, pour condenser :
Les marchés financiers sont les lieux qui permettent à l’offre et à la demande se rencontrer ;
En Europe, le bon fonctionnement du marché est assuré par Euronext qui en diffuse également les cours ;
Pour acheter des actions, vous allez avoir besoin d’un intermédiaire (le PSI) qui peut être une banque ou une société d’investissement ;
Vous pouvez enfin détenir ces actions sur un compte ou un produit spécifique (PEA) et selon plusieurs modalités différentes (au porteur, en nominatif pur ou en nominatif administré).
Nous nous retrouverons chaque lundi pour continuer cette série sur les bases des marchés et étudier ensemble tous les aspects que vous devez maîtriser avant de passer à l’action et d’acquérir votre première action !
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