Les produits dérivés sont devenus un élément indispensable sur les marchés financiers. Pour vous donner une idée, ces produits pesaient la somme colossale de 20 000 milliards de dollars durant la seconde partie de l’année 2022.
Ce que nous allons apprendre aujourd’hui :
👉🏼 Qu’est-ce qu’un produit dérivé ?
👉🏼 Les différents types de produits dérivés
👉🏼 Leurs différents cas d’usage
Bienvenue dans The Macronomist, si on vous a fait suivre ce mail, n’hésitez pas à vous abonner et à nous suivre sur les différents réseaux :
Un produit dérivé est un contrat financier qui dépend d’un actif sous-jacent, d’un groupe d’actif ou d’un indice de référence. Ils peuvent être négociés en bourse (le Chicago Mercantil Exchange, aka le CME est la plus connue) ou en OTC (Out The Count, négociées directement entre deux parties sans passer par une bourse réglementée).
⚠️ Il est peu probable qu’en tant que particulier, vous réalisiez un jour une transaction OTC sur produit dérivé. Néanmoins, il faut prendre en compte que les produits dérivés qui s’échangent en OTC sont sujets à des risques d’illiquidités et de contrepartie plus importantes.
Nous reviendrons sur des exemples plus concrets dans la suite de l’article.
Le prix d’un produit dérivé est donc dérivé des fluctuations d’un actif sous-jacent. Ils peuvent être utilisés dans l’idée de limiter un risque (se couvrir, se hedger), soit pour assumer un risque dans l’attente d’une récompense (en tant que produit purement spéculatif donc).
Dans un premier temps, il faut savoir qu’il existe deux grandes familles de produits dérivés :
👉🏼 Les “lock”. Ce sont les contrats à terme et les swaps. Ces instruments dérivés obligent les parties à respecter leurs engagements d'achat ou de vente de l'actif sous-jacent à une date et un prix déterminé. Cela permet de gérer le risque en fixant le prix futur de l'actif.
👉🏼 Les “options”. Nous y avons dédié une série d’articles complète, une option est un type de contrat dérivé qui donne à son détenteur le droit, sans l'obligation, d'acheter ou de vendre l'actif sous-jacent à un prix d'exercice prédéfini, et ce jusqu'à une date d'expiration spécifiée.
Le contrat à terme
Un contrat à terme est un accord entre deux parties pour l’achat d’un actif à un prix convenu à une date ultérieure. Ils se négocient en bourse, et ils sont utilisés par les traders pour couvrir un risque ou spéculer sur le prix. Les deux parties impliquées dans la transaction ont un engagement à tenir.
Prenons un exemple concret.
Vous détenez une entreprise agricole avec du bétail qui anticipe un besoin de maïs pour les mois à venir. Nous sommes en février 2024, et votre entreprise prévoit un besoin de maïs en septembre 2024 pour nourrir ses bêtes. Cependant, vous craignez que les prix du maïs augmentent d'ici là en raison de conditions météorologiques ou simplement de fluctuations de marché.
Pour vous couvrir contre une hausse hypothétique du prix, vous pouvez acheter un contrat à terme sur le maïs pour septembre 2024 à un prix convenu maintenant. Vous verrouillez ainsi le prix du maïs au niveau actuel, même si le prix du maïs augmente d’ici septembre.
À l’inverse, si vous détenez du maïs et que vous prévoyez que le prix du maïs va chuter en raison d’une récolte exceptionnelle cette année et donc d’une offre abondante, vous pouvez tout à fait vendre un contrat à terme sur le maïs pour septembre 2024. Vous verrouillez ainsi un certain prix de vente, et vous devrez livrer ce maïs pour septembre 2024 au prix convenu.
Le capitalisme faisant des merveilles, vous pouvez en tant que spéculateur acheter ou vendre des contrats à terme sans pour autant avoir à livrer un produit à la fin. C’est même le cas de la plupart des contrats à terme échangés en bourse.
Dans ce cas, le gain ou la perte est simplement un flux de trésorerie sur le compte du trader.
Les contrats à terme ouvrent également la possibilité de shorter le marché, la vente à découvert en français.
Concrètement, cela permet de parier sur la baisse du sous-jacent.
À la base, cet outil n’était pas pensé pour faire un pari directionnel mais plutôt pour se couvrir sur les marchés.
Par exemple, disons que vous déteniez une action Tesla, et que vous êtes inquiet des résultats trimestriels qui arrivent bientôt. Vous shortez une action Tesla, et de cette façon vous n’avez plus à vous inquiéter du risque directionnel moyennant un petit peu de frais.
Mais désormais, les contrats à terme sont aussi utilisés pour faire simplement des paris directionnels. Il y a même des hedges funds short only, qui ont donc pour seule mission de trouver des entreprises surévaluées, ou même carrément avec des risques de défauts ou de fraudes, afin de parier contre elles.
Vous voulez connaître, et surtout, comprendre l’actualité économique ? L’abonnement The Macronomist est fait pour vous.
En plus de soutenir un journal indépendant, vous aurez accès à :
Trois articles par semaine, sur des sujets variés liés aux marchés, à l’économie, à la géopolitique ou à la technologie. Plus de 100 articles sont disponibles.
Discord communautaire, discussion autour des marchés, de la géopolitique et de l’économie.
Graphiques sur les sujets d’actualités, tirés des rapports institutionnels.
Les contrats swaps
Les swaps sont un autre type de produits dérivés, dans lequel deux parties s’échangent des flux de trésorerie ou des actifs pendant une période définie. Cela peut être des échanges de paiement d’intérêts ou de devises par exemple.
On peut également construire un swap pour assurer un risque de défaut sur un prêt. Ces produits ont été extrêmement populaires pendant la crise des subprimes en 2008. Peut être même trop populaire à vrai dire.
Si vous avez vu le film The Big Short, prenons cet excellent exemple :
Michael Burry est un gestionnaire de fonds spéculatif, ayant réalisé des recherches sur le marché des prêts hypothécaires appelés subprime. Sa conclusion a été que les prêts accordés étaient de très mauvaise qualité, et que les emprunteurs risquaient de ne pas réussir à rembourser leurs prêts.
Il a donc cherché à un moyen de parier contre l’immobilier, et son choix s’est dirigé vers les fameux “Credit Default Swap” (CDS), sur des Collateralized Debt Obligations (CDO).
En d’autres termes, il a acheté des couvertures de défaut sur des paquets de dette.
Donc, M.Burry a toqué chez les plus grandes banques américaines. Le contrat était que M. Burry payait une prime régulière, et les banques qui lui ont vendu les CDS promettaient de rembourser Burry si les prêts sous-jacents faisaient défaut.
La suite vous la connaissez bien, le marché s’effondre et M. Burry encaisse un gros chèque.
Il a donc utilisé des CDS pour mettre en jeu son idée de trade.
Il faut savoir que les produits swaps négocié en OTC peuvent être quasiment réalisés sur mesure, en fonction des besoins des deux parties. Les produits côtés sur la bourse sont eux strictement réglementée et normalisés.
Mais vous comprenez également le point dont je vous ai parlé en début d’article ; ces contrats échangés en OTC et fabriqués sur mesure sont plus illiquides. Dans la vidéo, nous voyons que M. Burry demande à Goldman Sachs de réaliser ces contrats. Si Goldman Sachs avait fait faillite durant la crise des subprimes, comment Michael Burry aurait pu récupérer son argent ?
Ces notions ne sont pas forcément évidentes, si vous avez des questions, n’hésitez pas à les poser en commentaire !
Les options
Nous avons parlé de ce produit dérivé particulier au cours d’une série de 5 articles que je vous invite à découvrir :
Nous allons tout de même évidemment revenir rapidement sur les options, de sorte que cet article soit complet.
👉🏼 Une option est un contrat financier qui donne à son détenteur le droit, mais pas l'obligation, d'acheter ou de vendre un actif (comme une action, un indice, une crypto…) à un prix convenu à l'avance (appelé prix d'exercice ou strike price) à une date donnée.
Reprenons notre histoire d’agriculteur ayant besoin de maïs pour nourrir son bétail :
Disons que vous détenez une société agricole, et que vous avez donc besoin de maïs pour nourrir vos bêtes.
Dû à une forte instabilité géopolitique, vous vous inquiétez des possibles hausses du prix du maïs dans les mois à venir. Disons qu’il coûte actuellement 50$ la tonne.
Vous achetez donc une option d’achat sur le maïs, à un prix de 50$ la tonne. Cette option expire dans 3 mois.
Pour avoir accès à cette option et donc à la possibilité d’acheter du maïs à 50$ la tonne, vous allez devoir vous acquitter d’une prime. S’il n’y avait pas de prime, personne ne prendrait le risque de vous vendre une option. C’est un frais pour service rendu. Disons que cette prime est de 2$.
Vous payez donc cette prime de 2$, et entre maintenant et dans 3 mois, vous pouvez choisir à n’importe quel moment d’exercer votre option d’achat.
Il y a désormais deux issues :
👉🏼 Soit le prix du maïs a grimpé, disons à 60$, et donc vous contractez logiquement votre option. Vous avez payé la prime de 2$ qui vous a permis d’acheter une tonne de maïs à 50$ alors qu’il cote à 60$ actuellement : vous avez gagné 8$ par tonne de maïs.
👉🏼 Soit le prix du maïs a chuté, disons à 40$. Vous décidez simplement de ne pas exercer votre option, et vous ne perdez donc que 2$ (la prime que vous avez payée pour avoir accès à l’option).
Le but ici est que vous ayez simplement une idée du fonctionnement d’une option. Si vous voulez apprendre plus en détail, je vous invite sincèrement à lire la série d’article sur le sujet, le lien est au-dessus.
Avec les restrictions concernant les effets de levier aux USA, les investisseurs américains ont commencé à utiliser des options pour profiter de l’effet de levier inhérent à ces produits.
Nous avons eu une utilisation extrêmement prononcée d’options lors de la folie spéculative autour de l’action GameStop GME 0.00%↑. Les traders particuliers utilisaient essentiellement ces produits pour spéculer sur la hausse de l’action.
En Europe, ces produits restent encore relativement méconnus.
Les produits dérivés sont des outils financiers pertinents pour se couvrir contre le risque, ou simplement diversifier son portefeuille.
Ils sont utilisés dans une optique de couverture la majorité du temps, mais peuvent être utilisés dans le cadre des paris directionnels.
Même en tant que simple investisseur, ils peuvent vous être utiles pour vous protéger contre la volatilité extrême, par exemple un jour d’annonce des résultats où de réunion des banquiers centraux.
Vous avez besoin de comprendre ces mécanismes, d’une part pour votre culture financière, d’une autre part pour apprendre à vous couvrir sur les marchés, et pour finir afin de comprendre mieux comment jouent les joueurs importants.
J’espère que l’article du jour vous aura plu, et surtout que vous avez appris des choses. Si vous avez des questions, vous pouvez laisser un commentaire :
The Macronomist, c’est également une offre premium qui, en plus de soutenir un journal indépendant, vous donne accès aux +100 articles disponibles sur le site et au Discord, ou nous répondons à toutes les questions et interagissons avec la communauté.
N’oubliez pas de nous suivre sur les réseaux si vous appréciez ce type de contenu :
Quant à nous on vous dit à mercredi, pour le grand dossier de la semaine !